Préhistoire et Histoire, où est la limite ?

Question d’Histoire n°2

Quand commence l’Histoire ?

Seule l’Histoire n’a pas de fin.

Charles Baudelaire

Si l’Histoire n’a pas de fin, il serait faux de dire qu’elle n’a pas de commencement. Tout a un commencement. L’Univers a environ 13,8 milliards d’années, la Terre en a environ 4,5 milliards d’années et l’Homo Sapiens environ 110 000 ans. Donc quand commence l’Histoire ? Quand on parle de l’Histoire, on parle de l’histoire de l’Humanité. Donc celle-ci commence après 110 000 av. J.C. Mais en quoi peut-on différencier les premiers Homo Sapiens de nous ? D’un point de vue biologique, nous sommes semblables. Mais il existe tout de même une différence, la possibilité de transmettre des informations. Tout d’abord des langages humains se construisent entre -100 000 et -60 000. Plus tard, naît l’écriture et donc les sources historiques avec elle. Nous pouvons donc faire naître l’Histoire avec l’écriture.

L’Égypte et Sumer, les premières écritures.

La naissance de l’écriture a lieu dans deux régions proches quasi-simultanément. Les Sumériens, en Mésopotamie, adoptent lentement un système de codes, des logogrammes. Un logogramme est un symbole qui représente un mot (comme les sinogrammes chinois). Donc les Sumériens communiquent à l’écrit grâce à un certains nombres de symboles appelés pictogrammes, qui se développent vers -3 300. Cette écriture évolue pour donner un autre type de graphie, l’écriture cunéiforme vers la fin de la période d’Uruk (vers -3 100). Enfin, cette écriture toujours logographique devient peu à peu phonographique. Un symbole représente un son (comme l’alphabet latin). Cette transformation se fait progressivement entre -2 500 et -1 500.

Carte de Sumer (Basse-Mésopotamie)

Au même moment (vers -3 200), en Haute-Égypte (Sud de l’Égypte), se développe une écriture complètement différente: l’écriture hiéroglyphique. Cette écriture est aussi constituée de logogrammes mais contrairement à sa voisine cunéiforme, l’écriture hiéroglyphique n’a pas de formation lente. En effet, la codification s’est faite rapidement. L’écriture n’est pas née de la population commerçante comme à Sumer mais probablement codifiée rigoureusement par des prêtres et/ou des scribes. Cependant, tout comme l’écriture cunéiforme, les hiéroglyphes deviennent des phonogrammes vers -1 500 sous la XVIIIe dynastie, celle de Toutankhamon.

Carte de l’Égypte Antique en 3 150 av. J.C.

L’Histoire sans l’écriture, est possible ?

Nous savons donc que les premières écritures datent d’environ -3 000. Cependant, à ce moment, la plupart des populations n’utilisent pas de système d’écriture. Il faut attendre par exemple -1 400 pour qu’apparaisse le premier alphabet en Canaan. Mais la plupart des peuples Celtes et Germains doivent attendre l’arrivée des Grecs ou des Romains pour emprunter leur alphabet. Aux Amériques, on ne retrouve pas de traces d’écriture avant le système maya (IIIe siècle av. J.C.) Peut-on pour autant dire que l’Histoire ne débute qu’en -300 aux Amériques ? Peut-on ne pas inclure dans l’Histoire l’époque préclassique Maya contemporaine à l’âge de Bronze en Europe ? Non, ce serait invraisemblable. Mais alors, quel est le facteur nécessaire pour considérer la frontière entre l’Histoire et la Préhistoire ?

Culture Maya à l’époque classique et postclassique (donc après la période dont je parle au-dessus)

La Protohistoire, une solution ?

Le facteur que les historiens identifient comme la fin de la Préhistoire pour un peuple est la sédentarisation, le passage de la tradition nomade à la fixation dans l’espace. Lorsqu’une population est sédentaire, elle passe dans une période appelée Protohistoire, jusqu’à ce qu’elle adopte l’écriture et rentre alors dans l’Histoire. Il faut bien comprendre cependant que la sédentarisation tout comme la création ou l’emprunt d’un système d’écriture n’est pas instantané. Au contraire, comme nous l’avons vu plus tôt, ces adaptations prennent souvent des décennies voire des siècles. Nous avons donc une solution. La protohistoire est une frontière poreuse entre la Préhistoire (populations nomades) et l’Histoire (adoption de l’écriture).

Empire mongol de Gengis Khan à son apogée en 1279

Cependant, encore une fois cela pose des problèmes. Prenons l’exemple des Mongols, un peuple turc originaire de Sibérie orientale. Les Mongols sont encore aujourd’hui nomades, pourtant ils ont fondés plusieurs empires dont celui de Gengis Khan, le plus grand empire de tous les temps. Peut-on dire qu’ils ne font pas partie de l’Histoire ? Encore plus flagrant, les Mongols utilisent un alphabet depuis le VIIIe siècle. Donc ils feraient partie de l’Histoire sans avoir été dans la Protohistoire. L’Histoire serait donc non pas l’accumulation de la sédentarisation ET de l’écriture mais bien uniquement de l’écriture, tout en soulignant qu’il existe la Protohistoire pour les populations sédentaires n’ayant pas de système d’écriture.

De rien

Pour le débat de cet article (j’attends vos réponses dans l’espace commentaire): Pensez-vous qu’il existe un facteur déterminant à l’Histoire ? Si oui lequel ? La sédentarisation ? L’écriture ? Un autre ?

Note : 5 sur 5.

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